Domaine de Chantilly et exposition temporaire 

« Clouet, portraits des enfants royaux »

Une idée de ballade bucolique et culturelle d’une journée pour l’été et jusqu’au 2 octobre 2022, date de la fin d’une charmante exposition temporaire au château de Chantilly. 

Je l’ai fait avec le « bus des amis du Louvre » mais il suffit d’avoir une voiture.

 L’idée de cette exposition vient de la découverte de deux exceptionnels portraits peints représentant deux enfants de François 1er, jamais montrés au public jusqu’ici, appartenant à la même série que l’un des tableaux de Chantilly et basés sur les dessins de Jean Clouet conservés au musée Condé. Ainsi naquit l’idée de cette exposition montrant la fabrique du portrait d’enfant royal au sein des cours de François 1er, Henri II et Catherine Médicis.

Des portraits dessinés ou peints de Jean Clouet, Jean Decourt mais aussi de Germain Le Mannier viennent raconter le développement de ce genre aux codes bien particuliers mais aussi l’histoire de jeunes princes et princesses qui ont vite quitté l’innocence enfantine pour devenir les célèbres Henri II, Marie Stuart, François II, Henry III ou encore la reine Margot.

 Germain Le Mannier, peintre des enfants royaux, a eu ainsi le privilège de résider auprès des Enfants de France. Institué peintre et huissier du dauphin François, futur

 François II, puis son valet de chambre, il entretient une réelle proximité avec les petits princes. Il est, surtout, chargé d’envoyer régulièrement des portraits dessinés de ces derniers pour rassurer leurs parents inquiets (ces dessins et portraits ont mieux traversés le temps que ne le feront certainement les photos de nos chères têtes blondes prises avec des portables !). Ses crayons au trait franc et au rendu plastique, aux tonalités grises qui mettent en valeur les touches de sanguine, constituent un ensemble unique permettant d’entrer dans l’intimité de la petite cour de Saint Germain -en-Laye. 

François Clouet reprend le flambeau de portraitiste de la famille royale dès la mort de son père Jean en 1540. Soucieuse de recevoir régulièrement des nouvelles de ses enfants élevés loin d’elle, Catherine de Médicis lui commande sans cesse des portraits.  C’est là une manière de s’enquérir de leur bonne santé à une époque où la majorité des enfants n’atteignent pas l’âge de 5 ans. On voit ainsi le portrait du dauphin François souriant. Est-ce un sourire ou ouvre-t-il simplement la bouche en raison de ses difficultés respiratoires ?, dauphin de France, futur François II, roi de France et d’Ecosse (1544-1560), vers 1545

On peut aussi admirer plusieurs portraits du petit Hercule à différents âges dont un, peint par Clouet, avant qu’il ne soit défiguré par la variole.

Ces enfants royaux forment une cour miniature avec d’autres petits princes étrangers (comme la petite Marie Stuart destinée à épouser François II) et les enfants de grandes familles du royaume installés, le plus souvent, à Saint Germain en Laye. 

Après la visite de cette exposition, je vous conseille de traverser une partie du parc, via une forêt (15 mn environ du château), pour vous rendre au restaurant de plein air du hameau, baptisé ainsi en raison des cinq charmantes maisons aux toits de chaume le bordant et rappelant la bergerie de Marie-Antoinette à Versailles. 

Surtout ne zappez pas les délicieuses fraises ou framboises à la vraie crème chantilly. Copieux, ce dessert peut être partagé par 2 personnes pour garder la ligne. Si l’ordre de votre visite est différent, cet endroit est aussi l’occasion d’une halte pour goûter. Et si vous êtes accompagnés d’enfants, ne manquez pas le mini zoo. 

Vous pourrez flâner dans le grand parc (attention les distances sont grandes), avant de revenir visiter ou revisiter l’intérieur du château avec ses somptueux décors, appartements et tableaux originaux de Raphael, Poussin et autres grands maîtres de la peinture. 

Un conseil : commencez la visite, tout de suite à l’entrée à votre gauche, par la chapelle où vous pourrez suivre un petit film bien fait, commenté par Stéphane Bern, sur l’histoire du château. Renseignez- vous, également, sur les horaires pour ne pas manquer la visite guidée, de ¾ h des appartement privés situés en sous-sol (nous n’avons pas pu la faire, la dernière débutant à 15h45). 

Le dernier propriétaire particulier, Henri d’Orléans duc d’Aumale (1822-1897), d’où le monogramme H.O. que l’on retrouve partout dans le château, a huit ans lorsque son grand-oncle , le duc de Bourbon, dernier prince de Condé, lui lègue en 1830 le domaine de Chantilly. Il fait ses études au lycée Henry 4 avant de passer de nombreuses années à l’étranger à livrer des batailles. Lorsque éclate la Révolution de 1848, le prince est gouverneur général de l’Algérie, il part directement d’Alger pour Londres avec les siens pour Londres. C’est durant ses 22 ans d’exil qu’il réunit sa collection visible aujourd’hui à Chantilly. Revenu en France, il fait reconstruire le Grand Château par l’architecte Honoré Daumet, afin d’y présenter ses collections et en 1884, lègue Chantilly à l’Institut de France sous réserve d’en faire un musée ouvert au public. La condition particulière qu’il met est que rien ne soit transformé dans le château et que tous les éléments devront rester à la place choisie par lui, y compris pour l’accrochage des tableaux qui ne peuvent donc être vus qu’à Chantilly. Aujourd’hui encore, ils ne sont déplacés que pour être rénovés mais ne sont toujours pas prêtés pour des expositions en France ou à l’étranger.

Quel sera l’avenir du château de Chantilly, l’Aga Khan , principal mécène du lieu jusqu’en 2020 , s’étant retiré du château de Chantilly ?  Un nouveau protecteur, amoureux du Domaine, permettra- t -il de poursuivre les rénovations d’un coût colossal ?

Bonne visite

Véronique de Ganay

        

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